Ils sont nés dans le Mellah de Mogador.
Ils grandissent entre déchets et ruines.
Le vent rude du nord leur chante leur sort
chaque jour de nouveau.
Ils jouent dans la poussière et les ordures.
Des chats et des chiens leur tiennent compagnie.
Des mouettes tournent en criant au-dessus
de leurs têtes baissées.
Des hommes dans la taverne voisine font du
bruit. Ils pissent au mur du sombre passage
et ils crachent, plein de rage, sur le pavé
sale et humide.
Des femmes, habillées en djellabas de
toutes les couleurs, la tête enveloppée
dans des foulards, un enfant à chaque main,
laissent traîner les pieds.
Tant de souvenirs, émanant de ces murs,
ils chuchotent des plaintes et des soupirs,
et aussi l'espoir des temps meilleurs, mais qui
ne viendront jamais.
Ceux avant eux sont allés en Israël,
vers la terre promise. Ils ne savent plus
d’où ils étaient venus, d’où leurs racines -
est-ce qu'on est perdu ?